dimanche 5 juillet 2015

Jour 29 : Eskisehir > Mudanya (173kms)


En vrac,

La chance du débutant
Hier ça a été presque trop facile de trouver un hébergement, une inscription, 3 mails plus tard et c'était fait.
Aujourd'hui, je déchante. Melih m'a donné le contact d'un pote à lui, cycliste, habitant Bursa. Il devait m'accueillir, puis finalement il a un empêchement. Je cherche par moi-même avec Internet, mais rien, aucune réponse positive. J'ai passé la journée sur le téléphone, à lancer des bouteilles à la mer. Comme j'avais plus de chance de trouver en ville, j'ai traversé Bursa et c'était bien sport comme l'avaient dit Bernard et Eric. J'ai en plus été retardé par ma première crevaison de la roue de remorque. Toute l'équipe de la station service OPET où je me suis réfugié pour réparer se sont investis dans la mésaventure. Deux agraffes métalliques étaient plantées dans le pneu. Les deux rustines n'y ont rien fait et nous avons remplit avec une bombe anti-crevaison.
J'ai donc traversé Bursa entre 18h et 19h, gros trafique, petits bus urbains qui conduisent n'importe comment, aucun clignotant, concert de klaxons, cacous dans des Tofas qui font crisser les pneus pour affirmer leur virilité, le paradis pour un vélo de 4m de long pas très manœuvrant ! Heureusement, moteur à fond et AirZund (klaxon de vélo à air comprimé) rechargé, j'ai slalomé et suis sorti de la ville. J'ai même trouvé un petit magasin de vélo où toute la famille était bien contente de me vendre une chambre à air 16 pouces de rechange. Il était presque 20h quand je suis sorti du centre pour me retrouver dans les bouchons de la route de Mudanya, ville sur la côte.
Oui, c'est idiot, mais je me suis dit : tant qu'à ne pas dormir en ville, autant faire le détour pour dormir avec vue sur la mer ou sur une plage s'il y en a. Je suis évidemment tombé sur une dernière montée infernale de 7 % sur 4kms avant de découvrir la belle bleue. Arrivée au sommet, paysage magnifique, vue imprenable à 180 degrés, mais le soleil déjà couché et la nuit dans 1/2h maxi. Toujours au sommet, je vois un restaurant avec un grand parking et un petite zone d'herbe avec vue dur l'horizon. Je vais discuter avec le placier du parking, qui ne parle pas anglais. Je lui sort le papier magique écrit en turc et je crois qu'il n'a rien compris, mais me dit OK, c'est OK pour m'installer. Je déballe vite les affaires, monte encore plus vite la tente et attend qu'on vienne me virer. Ca ne loupe pas, une demi heure après, le patron arrive et m'explique que c'est une propriété privée, que le vent est violent, qu'il est responsable s'il arrive un truc et il veut même me faire payé une caution, au cas où. Tout ça avec Google Translate sur les smartphones. Faisant, un peu l'étranger qui ne comprend pas, je le remercie pour son hospitalité et lui dit que demain, dès le lever du soleil je serai parti. Évidemment je ne paie aucune caution. Je me couche tôt car demain j'essaie de prendre le bateau à Erdek pour 17h et donc je vais, comme prévu, partir assez tôt.
L'épisode de la plage de Manavgat se reproduit. Vers 1h du mat, on vient frapper à la tente. Je me dis que c'est un service de sécurité à qui je vais devoir expliquer que le patron du resto est au courant, etc, etc, …
Mais non, c'est un super pote au patron, président d'une association de cyclistes d'Istanbul qui vient me rencontrer ! On est vraiment en complet décalage ! Il est super, on fait des photos, je lui explique que demain je pars tôt et que là j'ai besoin de dormir, mais il veut encore parler. Il veut m'offrir à boire, à manger, demain je suis l'invité du patron pour le breakfast. Après lui avoir montré mon blog, la page Facebook du Sun Trip, il me laisse enfin en paix. Je ne lis par le Turc mais je me demande de plus en plus si le texte écrit sur cette feuille magique n'indiquerait pas de venir réveiller le couillon qui essaie de récupérer un peu de forces. Merci quand même, on est amis sur Facebook, maintenant.

Éloge de la grimpette
Elle arrive loin devant, je la vois je l'appréhende. Était-cee bien celle indiquée sur le topo cartographique fait la veille dans la tente, elle paraît immense et infranchissable. Je me prépare et essaie d'accélérer pour prendre de l'élan, troisième plateau, petit pignon, à fond, 40 à l'heure. Ca ralenti tout seule, deuxième plateau, toujours 250 watts de moteur. Je monte les pignons, la vitesse chute encore, trouver le bon compromis puissance physique/cadence de pédalage/puissance moteur. Ça monte encore, la vitesse se réduit à 13km/h et je suis encore sur le plateau intermédiaire et le plus gros pignon, 270W de moteur, ça monte à 5 %, je le sais. Et je vois le panneau 7 % pour 4000m, ça va être dur. Je me lève dans le siège, un peu, puis beaucoup. Je repousse le moment ou je passerais sur le petit plateau pour perdre 20 dents, de 44 à 24, et pédaler dans la semoule. Le moment arrive, il ne faut pas être en appui forcé sur la chaine sinon ça ne passe pas. Je mouline et je baisse la puissance moteur à 170W car sinon le moteur chauffe et n'aide pas plus. La vitesse est de 7km/h, des fois 6. Je trouve un rythme, la musique m'aide. Que ce soit Chemical Brothers, Boom Pam, Fatboy Slim ou Amy Winehouse, tout fonctionne. Je tire sur les poignées, les cornes rajoutées au guidon. C'est étrange mais j'ai souvent l'image d'une femme en train d'accoucher. Je respire de plus en plus fort et commence à crier des « Allez » ou « Allez, gros ! » c'est selon, lors des expires. Elle est interminable, ne pas regarder le compteur. Je vois le haut, le sommet, les arbres, ça doit être bientôt finit. La sueur qui coule dans le pli des coudes, qui coule dans la nuque, ça chatouille, ça m'énerve. Je cri. J'extériorise. Je chante à tue-tête, Je m’essouffle, j'arrête les conneries. Un panneau indique encore 2000m à 7 %. OK, je prends sur moi. J'aime bien cette petite souffrance. Avec la musique des fois j'en ai des frissons. Faut être bien frappé pour se faire mal comme ça à 4000kms de chez soi.
Finalement j'arrive au plus haut, au col. Un panneau indique son nom et sa hauteur. C'est beau ce nouveau paysage et il est bien mérité. Je ne suis pas pour une pédagogie du mérite mais c'est bon quand tu as gagné sur toi-même, c'est à toi et tu es prêt à recommencer. La descente, je n'aurais pas aimé la monter tellement je vais vite.
 çay

 Je charge à 336W entre les nuages !

 Un pote de Melih, en moto, rencontré sur la route. La Turquie est toute petite. Il a absolument voulu m'offrir des gants de moto. Cool.

 Soirée mousse dans la roue de la remorque

 La famille au complet du magasin de vélo pour me vendre une chambre à air

 Vue sur Mer

Vue sur Restaurant

 
Mon nouveau copain Murat

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