En vrac,
La chance du
débutant
Hier ça a été
presque trop facile de trouver un hébergement, une inscription, 3
mails plus tard et c'était fait.
Aujourd'hui, je
déchante. Melih m'a donné le contact d'un pote à lui, cycliste,
habitant Bursa. Il devait m'accueillir, puis finalement il a un empêchement. Je cherche par moi-même avec Internet, mais rien,
aucune réponse positive. J'ai passé la journée sur le téléphone,
à lancer des bouteilles à la mer. Comme j'avais plus de chance de
trouver en ville, j'ai traversé Bursa et c'était bien sport comme
l'avaient dit Bernard et Eric. J'ai en plus été retardé par ma
première crevaison de la roue de remorque. Toute l'équipe de la
station service OPET où je me suis réfugié pour réparer se sont
investis dans la mésaventure. Deux agraffes métalliques étaient
plantées dans le pneu. Les deux rustines n'y ont rien fait et nous
avons remplit avec une bombe anti-crevaison.
J'ai donc traversé
Bursa entre 18h et 19h, gros trafique, petits bus urbains qui
conduisent n'importe comment, aucun clignotant, concert de klaxons,
cacous dans des Tofas qui font crisser les pneus pour affirmer leur
virilité, le paradis pour un vélo de 4m de long pas très manœuvrant ! Heureusement, moteur à fond et AirZund (klaxon de
vélo à air comprimé) rechargé, j'ai slalomé et suis sorti de la
ville. J'ai même trouvé un petit magasin de vélo où toute la
famille était bien contente de me vendre une chambre à air 16
pouces de rechange. Il était presque 20h quand je suis sorti du
centre pour me retrouver dans les bouchons de la route de Mudanya,
ville sur la côte.
Oui, c'est idiot,
mais je me suis dit : tant qu'à ne pas dormir en ville, autant
faire le détour pour dormir avec vue sur la mer ou sur une plage
s'il y en a. Je suis évidemment tombé sur une dernière montée
infernale de 7 % sur 4kms avant de découvrir la belle bleue.
Arrivée au sommet, paysage magnifique, vue imprenable à 180 degrés,
mais le soleil déjà couché et la nuit dans 1/2h maxi. Toujours au
sommet, je vois un restaurant avec un grand parking et un petite zone
d'herbe avec vue dur l'horizon. Je vais discuter avec le placier du
parking, qui ne parle pas anglais. Je lui sort le papier magique
écrit en turc et je crois qu'il n'a rien compris, mais me dit OK,
c'est OK pour m'installer. Je déballe vite les affaires, monte
encore plus vite la tente et attend qu'on vienne me virer. Ca ne
loupe pas, une demi heure après, le patron arrive et m'explique que
c'est une propriété privée, que le vent est violent, qu'il est
responsable s'il arrive un truc et il veut même me faire payé une
caution, au cas où. Tout ça avec Google Translate sur les
smartphones. Faisant, un peu l'étranger qui ne comprend pas, je le
remercie pour son hospitalité et lui dit que demain, dès le lever
du soleil je serai parti. Évidemment je ne paie aucune caution. Je me
couche tôt car demain j'essaie de prendre le bateau à Erdek pour
17h et donc je vais, comme prévu, partir assez tôt.
L'épisode de la
plage de Manavgat se reproduit. Vers 1h du mat, on vient frapper à
la tente. Je me dis que c'est un service de sécurité à qui je vais
devoir expliquer que le patron du resto est au courant, etc, etc, …
Mais non, c'est un
super pote au patron, président d'une association de cyclistes
d'Istanbul qui vient me rencontrer ! On est vraiment en complet
décalage ! Il est super, on fait des photos, je lui explique
que demain je pars tôt et que là j'ai besoin de dormir, mais il
veut encore parler. Il veut m'offrir à boire, à manger, demain je
suis l'invité du patron pour le breakfast. Après lui avoir montré
mon blog, la page Facebook du Sun Trip, il me laisse enfin en paix.
Je ne lis par le Turc mais je me demande de plus en plus si le texte
écrit sur cette feuille magique n'indiquerait pas de venir réveiller
le couillon qui essaie de récupérer un peu de forces. Merci quand
même, on est amis sur Facebook, maintenant.
Éloge de la
grimpette
Elle arrive loin
devant, je la vois je l'appréhende. Était-cee bien celle indiquée
sur le topo cartographique fait la veille dans la tente, elle paraît
immense et infranchissable. Je me prépare et essaie d'accélérer
pour prendre de l'élan, troisième plateau, petit pignon, à fond,
40 à l'heure. Ca ralenti tout seule, deuxième plateau, toujours 250
watts de moteur. Je monte les pignons, la vitesse chute encore,
trouver le bon compromis puissance physique/cadence de
pédalage/puissance moteur. Ça monte encore, la vitesse se réduit à
13km/h et je suis encore sur le plateau intermédiaire et le plus
gros pignon, 270W de moteur, ça monte à 5 %, je le sais. Et je
vois le panneau 7 % pour 4000m, ça va être dur. Je me lève
dans le siège, un peu, puis beaucoup. Je repousse le moment ou je
passerais sur le petit plateau pour perdre 20 dents, de 44 à 24, et
pédaler dans la semoule. Le moment arrive, il ne faut pas être en
appui forcé sur la chaine sinon ça ne passe pas. Je mouline et je
baisse la puissance moteur à 170W car sinon le moteur chauffe et
n'aide pas plus. La vitesse est de 7km/h, des fois 6. Je trouve un
rythme, la musique m'aide. Que ce soit Chemical Brothers, Boom Pam,
Fatboy Slim ou Amy Winehouse, tout fonctionne. Je tire sur les
poignées, les cornes rajoutées au guidon. C'est étrange mais j'ai
souvent l'image d'une femme en train d'accoucher. Je respire de plus
en plus fort et commence à crier des « Allez » ou
« Allez, gros ! » c'est selon, lors des expires.
Elle est interminable, ne pas regarder le compteur. Je vois le haut,
le sommet, les arbres, ça doit être bientôt finit. La sueur qui
coule dans le pli des coudes, qui coule dans la nuque, ça
chatouille, ça m'énerve. Je cri. J'extériorise. Je chante à
tue-tête, Je m’essouffle, j'arrête les conneries. Un panneau indique
encore 2000m à 7 %. OK, je prends sur moi. J'aime bien cette
petite souffrance. Avec la musique des fois j'en ai des frissons.
Faut être bien frappé pour se faire mal comme ça à 4000kms de
chez soi.
Finalement j'arrive
au plus haut, au col. Un panneau indique son nom et sa hauteur. C'est
beau ce nouveau paysage et il est bien mérité. Je ne suis pas pour
une pédagogie du mérite mais c'est bon quand tu as gagné sur
toi-même, c'est à toi et tu es prêt à recommencer. La descente,
je n'aurais pas aimé la monter tellement je vais vite.
çay
Je charge à 336W entre les nuages !
Un pote de Melih, en moto, rencontré sur la route. La Turquie est toute petite. Il a absolument voulu m'offrir des gants de moto. Cool.
Soirée mousse dans la roue de la remorque
La famille au complet du magasin de vélo pour me vendre une chambre à air
Vue sur Mer
Vue sur Restaurant
Mon nouveau copain Murat
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